Quand Thémis raconte Morphée

Dans cette section, il sera question de mes rêves. Pourquoi faire me direz-vous ? Initialement je n’avais pas réellement prévu d’en faire des textes. C’est une réflexion de mon père qui m’a inspirée. En effet alors que je racontais un énième de mes rêves mettant en scène Maman, il m’a dit « Tu aurais simplement besoin d’écrire tes rêves. Tu aurais déjà un livre ». Il n’en fallait pas plus pour faire germer en moi l’idée.

J’ai toujours fait des rêves très réalistes, construits et romanesques. Avec les médicaments pour dormir j’en faisais moins. Toutefois, avec le décès de maman, Morphée a repris possession de mes nuits. Sa mort a été assimilée à une vitesse spectaculaire d’après mon psychiatre, ma psychologue et ma meilleure amie qui a travaillé dans le funéraire. Je crois que les premiers rêves, où maman était morte, datent du week-end suivant. Cela fait déjà plusieurs mois que j’ai fait ces rêves donc je ne m’en souviens plus aussi bien qu’au moment mais j’ai une bonne mémoire. Je ne garantie pas l’exactitude de ces songes mais je pense pouvoir les relater assez fidèlement. Et il se pourrait que je les romance un peu… à vous de deviner lorsque je raconte les songes inspirés par Morphée et lorsque Thémis les enjolive un peu.

Bienvenue dans la valse entre Morphée et Thémis.

Valse 1

Valse 2

Première valse

Nous sortons de l’église pleine de monde. Je pars au-devant des autres, attirée par ton cercueil.

Je le suis, tel un aimant. Je regarde les porteurs mettre ton cercueil dans le corbillard.

Toute l’église est là, dehors. Et finalement tu as droit à des applaudissements, car Reine Kathy a droit à ses applaudissements, deux fois. Le corbillard part.

Nous passons au « graillou », le petit repas qu’on a organisé.

Nous rentrons à la maison avec certaines personnes qui viennent prendre une dernière boisson chaude.

Les gens sonnent, entrent, papotent. Alors que nous pensions que tout le monde était arrivé, quelqu’un sonne.

Je vais ouvrir la porte d’entrée. Et tu es là.

- Maman ?

- Mais…Ben quoi ? Je rentre moi aussi.

- Mais t’es morte ?!?!!Et alors ?

- Tu crois pas que je vais rester dans cette boîte toute seule jusqu’à demain quand même !

Sur ce, tu rentres dans le salon. Tous ceux qui sont là te regardent avec le même air ahuri que moi. Tu as haussé les épaules avec ce mouvement si caractéristique. Avec ta démarche tu t’es dirigée vers ton fauteuil vert et tu nous as dit « Ben vous ne pensez quand même pas que j’allais vous attendre jusqu’à demain ?! Je retournerai dans ma boite bien assez tôt ».

Et tu as rejoint nos conversations comme si de rien n’était.

Deuxième valse

La crémation est devenue obligatoire en France et elle se fait uniquement sur Paris. Je suis dans ma voiture pour venir. Le seul indice que j’ai c’est que je dois trouver une grande tour toute en verre, un gratte ciel. Alors que je semble proche d’arriver, le GPS de la voiture se met à déconner, tous les bâtiments apparaissent comme des blocs en 3D et il plante sur la localisation. Il me perd.

J’arrive enfin au pied de ce grand immeuble entièrement en verre. Je rentre dans le parking. Et pof ma voiture disparait, je me retrouve directement dans les étages où un monsieur me dit “Dépêchez vous mademoiselle, votre mère ne veut pas partir tant qu’elle ne vous a pas vu”.

En effet, chaque famille a droit à un petit salon pour s’entretenir avec son défunt avant que celui-ci ne se fasse incinérer. Lorsque j’entre dans le nôtre, tout le monde est déjà là, ainsi que toi!

A enfin mon boudoudou! Bon alors écoute moi bien : je ne voulais pas partir tu sais, c’est comme ça. Tu as toujours été la plus forte de nous deux, donc tu vas y arriver. Veilles sur les autres, tu es celle qui me ressemble le plus, pour le pire et le meilleur. Je t’aime ma chérie.

Avant que je n’ai eu le temps de répondre tu pars encadrée de deux hommes en costume noir qui t’allongent sur un lit et la chanson On se retrouvera de Francis LALANNE résonne dans le salon. On te regarde partir, encore une fois.